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Maurice Renard est un de ces écrivains dont on oublie facilement le nom alors qu'il a été en son temps un auteur à succès, un novateur, un maître de la science-fiction.
Il a aimé l'île d'Oléron.
Il y a passé de nombreux étés. Il est enterré, dans le cimetière de Dolus où une allée porte son nom!
Si l'écrivain est désormais oléronais pour l'éternité, il n'en a pas toujours été de même.
Né en 1875 à Châlons sur Marne, Il a vécu à Reims avant de devenir parisien.
C'est dans la capitale qu'il devient célèbre en publiant des romans fantastiques.
Les plus connus sont Le Docteur Lerne (1908), Le Péril Bleu (1912) et surtout Les Mains d'Orlac plusieurs fois adapté au cinéma.
Pendant ces années de succès, il tient salon rue de Tournon où il habite et reçoit quelques amis écrivains comme Pierre Benoît, Montherlant ou Colette. Il ne connaît pas encore notre île et passe ses vacances comme il se doit sur la Côte d'Azur, à Nice.
C'est un ami écrivain, Aimé Graffigne, bien oublié aujourd'hui mais dont les romans L'Inconsolée et La bonne vie de Lou de Marennes eurent un certain succès, qui, amoureux d'Oléron, invite Renard à passer quelques jours chez lui pendant l'été 1924, au Moulin de la Côte près du Château d'Oléron.
Renard est séduit aussitôt par l'île qui à l'époque est sauvage et authentique.
"L'île d'oléron a quelque chose d'absolu....sérénissime."
"C'est vraiment le lieu du monde le plus calme. Du sable, de la verdure, une mer adoucie entre la côte et l'île. Peu d'habitants, tous quiets."
Nul doute qu'aujourd'hui il aurait du mal à reconnaître son paradis!
Mais à cette époque,c'est le coup de foudre! Renard ne retournera pas à Nice! Il passera les mois d'été dans l'île qu'il vient de découvrir.
Les années suivantes il revient et loue un logement près du Château.
En 1927, c'est au Chaudron (commune de Grand-Village aujourd'hui) qu'il pose ses malles.
En 1928 il retourne au Château où il termine La Divine Empreinte, un conte dont l'intrigue se situe pour la première fois dans l'île.
En 1930 c'est tout un roman qui a pour cadre Oléron! La Jeune Fille du Yacht est une déclaration d'amour à l'île!
son héros y débarque et la découvre : " Longue, basse, bien verte au-dessus de la ligne pâle des sables, elle traçait une mince barre de solidité entre la mer paisible et le ciel immense."
Paul Fort admire le roman et écrit à son ami : "Tout Oléron, ses lagunes, sa lande d'immortelles, son fort, ses tamaris embaument ces pages baignées de lumière rayonnante comme l'océan au grand soleil. Vous avez décrit votre île d'une plume amoureuse."
Fin 1929 et jusqu'en 1939, Renard passera l'été dans une autre maison, celle qui appartient à sa deuxième femme et qui se situe à Avail (commune de Dolus).
L'endroit est pittoresque et a gardé le charme des vieilles pierres. Il y avait au Quereu d'Avail une ferme et ses dépendances transformées en résidences. A l'extrémité du terrain a été construite la maison qui porte aujourd'hui une plaque rappelant la présence de l'écrivain.
C'est dans cette maison que l'écrivain termina deux de ses romans dont Oléron est le cadre :
Le Maître de la Lumière en 1933, roman de Science-fiction qui s'ouvre sur un périple qui mène le héros de La Rochelle à Saint-Trojan en passant par l'île d'Aix.
Une Rose sous l'Orage en 1936, feuilleton dont deux chapitres se situent sur la plage préférée de Renard : Vertbois.
"la lumière est si pure qu'on dirait que Dieu vient de nettoyer l'univers, et toutes les couleurs s'y marient merveilleusement."
Renard aime Vertbois. Il aime s'asseoir sur la dune et regarder la mer : "C'est à Vertbois que j'ai pris les plus grandes leçons de philosophie, de morale."
Pendant qu'il séjourne dans l'île Renard s'intéresse au patrimoine oléronais et à la vie locale. Il est de ceux qui se sont investis pour qu'une plaque soit posée sur la Maison des Aïeules où Pierre Loti est enterré.
En 1939, à 64 ans, il doit être transporté d'urgence à l'hôpital de Rochefort pour y être opéré de la prostate. C'est là qu'il trouve une mort bien prosaïque (j'allais dire prostatique) pour un maître de la Science-fiction.
Il revient, les pieds devant, dans le cimetière de Dolus où une lanterne des morts miniature veille sur les tombes.
Une école de la ville porte son nom.
Souhaitons que les mains de Maurice Renard donnent un peu de leur habileté et de leur maîtrise à celles des petits écoliers dolusiens!