Il fait partie de la mémoire oléronaise.
Il a été témoin des jours heureux.
L'arbre de Richelieu, tel qu'il apparaît sur les cartes anciennes a été pendant des générations un rendez-vous obligé des joyeuses assemblées des noces insulaires.
La légende veut qu'il ait été planté en cet endroit par Richelieu en personne. Il porte donc le nom de ce grand personnage aimé des uns, haï des autres!
S'il est vrai que notre homme ordonna la construction de la citadelle (1630) à l'emplacement du puissant château du Moyen-Âge détruit pendant les guerres fratricides dites Guerres de Religion (!), il n'est pas avéré qu'il ait posé son pied chaussé de pourpre cardinalice sur le sol oléronais.
Les légendes sont plus belles que la réalité et n'oublions pas ce qu'écrit le poète (Patrice de la Tour du Pin) :
Tous les pays qui n'ont plus de légende seront condamnés à mourir de froid."
Rassurons-nous, l'île d'Oléron ne risque pas d'entrer en glaciation!
Grâce à sa situation au sommet des remparts avec vue sur le pertuis et sur le continent, l'arbre a servi de repère (amer) aux marins et aux pêcheurs.
Il a servi également de lieu de rendez-vous pour les amoureux.
L'arbre de Richelieu était un orme de belle taille qui avait prospéré malgré les vents dominants.
Il fit rapidement partie de la vie oléronaise en attirant le lendemain des noces les jeunes époux.
Les mariés de la veille se livraient à un rite magique.
Ils enfonçaient dans le tronc de l'orme une épingle.
L'épingle qui restait solidement plantée était gage de fidélité et de fécondité.
Au printemps et en été, toute la noce suivait les mariés et dansait avec eux autour du totem sacré qu'était devenu l'orme séculaire.
Les Allemands qui occupèrent la citadelle furent insensibles à la poésie de notre arbre.
Ils ne considérèrent que l'emplacement stratégique où il était planté et s'empressèrent après l'avoir abattu d'installer à sa place une pièce d'artillerie.
Ainsi mourut la tradition oléronaise.
On ne plante pas d'épingle dans un canon!
Il fallut attendre 1989, année du bicentenaire de la Révolution, pour qu'un nouvel arbre fût planté à l'emplacement du défunt.
C'est le nouvel Arbre de Richelieu!
On peut se poser une question.
À la Révolution on appelait "arbre de la Liberté" celui qu'on plantait devant les églises et sur les places. L'arbre de Richelieu était si l'on peut dire l'arbre des mariages et des serments. Est-ce que la liberté et le mariage font bon ménage?
Qui peut répondre?
En tout cas les amoureux qui ont gravé un coeur sur son tronc ne se posaient pas cette question! (... et aujourd'hui?)