La place telle qu'on la découvre aujourd'hui n'a rien d'exceptionnel.
Elle forme un paysage urbain sans originalité et si elle est fréquentée c'est pour le point de vue qu'elle offre sur le Moulin Rouge connu comme le loup blanc (ou le chat noir) par les touristes du monde entier!
Le métro de la ligne 2 a conservé ses entrées de Guimard, un décor de plante et de mante religieuse tel qu'il pouvait s'en concevoir quand le talent et l'imagination s'exprimaient!
Le métro hier et aujourd'hui (photos 1 à 4). L'immeuble à pan coupé du 1 (photo 5) . Le café de la place Blanche en 1910 (photo 6)
Le premier immeuble de la place abrite un Monoprix là où se trouvaient au début du XXème siècle, "les Grands Magasins de la place Blanche".
Au 3, "le Café de la Place Blanche"...
Dans les années 30, les caïds de la prostitution (la traite des "blanches" comme on disait!) en font leur quartier général. Ils se rencontrent dans la boîte privée aménagée au sous-sol, "l'Aquarium". Un lieu idéal pour des requins!
Dans les années 40, le café redore son blason en accueillant les surréalistes qui aiment s'y retrouver. André Breton y vient en voisin, de la rue Fontaine où il habite et où il mourra (42 ans sans changer d'adresse! C'est du surréalisme casanier!)
Pendant l'occupation le café est investi par les soldats nazis qui apprécient Pigalle et s'y divertissent avant de repartir plus guillerets vers leur sale boulot.
Aujourd'hui les nazis sont partis et le Buffalo Grill a pris leur place.
La croix gammée a été remplacée par des cornes.
On reste dans le sanglant!
Au 5 il y avait un cabaret le "Liberty's" dont Gaston Baheux devint propriétaire en 1940.
Il en fit un lieu à la mode où l'on cultivait l'ambiguïté. Gaston avait pour surnom "Tonton" et très vite le tout Paris interlope baptisa le Liberty's "Chez Tonton"!
Charpini célèbre depuis ses numéros de travesti avec Brancato assure le succès du cabaret qui ne désemplit pas pendant l'occupation.
L'originalité du cabaret tient à son atmosphère décomplexée et à la complicité qui unit les artistes homosexuels et les grandes figures du music-hall. Mistinguett fait partie des habitués comme plus tard Piaf, Cocteau ou Carco..
Les peintres l'apprécient également. On peut y rencontrer Dufy, Vlaminck et surtout Buffet qu'admire Gaston Baheux et à qui il achète de nombreuses toiles qui seront volées par les nazis... (encore eux!)
Avant de fermer ses portes en 1956, le cabaret accueille de nombreux jeunes talents comme Bécaud, Lamoureux ou Gréco...
Aujourd'hui "chez Tonton" est devenu un Starbucks!
L'inexorable dégradation du quartier et sa banalisation trouvent sur la place Blanche une illustration sans appel!
Comme le chante Dutronc : Je suis le dauphin de la place Dauphine et la place Blanche a mauvaise mine..."
La place s'arrête au numéro 7 avec un café au nom exotique : Le Palmier!
Carco qui fréquenta tous les établissements de la place ne manqua pas de s'y attabler.
Souhaitons que ce café ne perde pas ses palmes et ne se métamorphose jamais en KFC, Mac Do ou autre repaire de la malbouffe!
Mais quittons la Place sur une note plus gaie!
Une carte postale comme on les aimait au début du XXème siècle nous fait oublier un instant la banalisation mondiale qu'impose le capital qui joue aux dés notre royaume comme le chante Léo Ferré!
Légende le la carte :
Procession de communiantes place Blanche un jour de neige!