Début de la rue Véron et Passage de l'Elysée-Montmartre (aujourd'hui rue Antoine)
Même vue en 2014
La rue Véron est une voie un peu triste de Montmartre. Elle commence rue Antoine et finit 265 mètres plus loin rue Lepic. Elle est étroite et le soleil peine à réchauffer son pavé.
Elle a reçu son nom en 1863 après le rattachement du village à Paris pour rendre hommage à J.L. Véron dont la profession indiquée sur les registres était "propriétaire"(!) et qui après avoir été adjoint de trois maires successifs de Montmartre exerça lui même la prestigieuse fonction de 1831 à 1842.
Au début de la rue on peut voir côté pair (à droite) la façade plate et banale de l'arrière du Théâtre des Abbesses...
Au 3, à l'angle avec la rue Germain Pilon s'ouvrait le restaurant Randouin dont une vieille photo garde le souvenir.
Au croisement avec la rue Germain Pilon...
L'immeuble d'angle, le 10, est protégé par le Plan Local d'Urbanisme. C'est un petit immeuble à pan coupé, typique des maisons de rapport construits au milieu du XIXème siècle.
L'immeuble du 5 est lui aussi classé. On voit au 7 l'ancien atelier du maréchal ferrand transformé en théâtre en 2006, La Manufacture des Abbesses.
Sur le mur du 5
"L'homme doit être homme et non dieu. Il faut éliminer le savoir, éliminer la culture (Imam Khomeyni) !
... Dieu vous garde, moi je n'en ai plus!
Le début de la rue avec les murs de briques de l'église Saint-Jean.
Le petit immeuble du 11 ne peut nous laisser indifférents car c'est là que vécut Henri Murger jusqu'au jour où il fut transporté plus bas à la Maison de Santé de la Ville (aujourd'hui Hôpital Fernand Widal).
On imagine l'auteur des Scènes de la Vie de Bohême poussant cette porte avant de pousser, à 38 ans, celle de la mort, pour revenir dormir son éternité provisoire dans le Cimetière Montmartre.
Tombe d'Henri Murger au cimetière Montmartre. Statue de Millet.
Le 13
Une ancienne boutique aux volets fermés avec un fantôme qui passe à travers la cloison...
Le 15
Le 15 serait banal s'il n'avait abrité un des plus célèbres chansonniers de Montmartre, Jean-Baptiste Clément (1834-1903) rendu immortel par la chanson française la plus jouée dans le monde " Le Temps des Cerises".
Il n'y a pas de plaque car il n'y a vécu qu'une année (1863). On pourrait d'ailleurs organiser un circuit touristique en visitant toutes les adresses montmartroises de Clément : rue Chappe, Saint-Vincent, Cité du Midi, rue Constance, Ganneron, Androuet, Germain Pilon, des Abbesses et Lepic !
Au 18 le petit hôtel de Clermont, chez Ammad, semble être resté tel qu'il était il y a un siècle!
Il fait partie des lieux à la fois secrets et mythiques de Montmartre. Piaf y vint à plusieurs reprises et c'est là qu'elle rencontrait Marcel Cerdan quand il s'entraînait dans une salle de boxe du quartier.
Marcel Cerdan devant l'hôtel de Clermont (1938)
Une frise qui se dégrade lentement décore sa façade...
Etrange avec ses visages blancs, son décor à la fois cubiste et surréaliste...
Adam et Eve s'y rencontrent sous une pluie de pommes rouges et déjà un foetus, fruit de leur union, grandit démesurément....
Le temps passe, l'homme vieillit devient songeur tandis qu'un serpent rampe sur une croix qui porte un cercle divisé en quartiers avec le mot TIME....
Un hibou, l'oiseau qui voit dans les ténèbres et que l'on retrouve sur les tombes apparaît dans le N au-dessus d'un nom féminin: Delphine.
Un visage sérieux au regard fixe entouré de serpents termine la frise.
Oeuvre étonnante sur les murs d'un hôtel où l'on peut se rencontrer et s'aimer.
Le bar Edith Piaf (Neil Gittings)
Elle est signée de Neil Gittings, artiste américain qui, j'aime l'imaginer, paya son écot comme le faisaient les peintres de la grande époque montmartroise en peignant cette frise mystérieuse.
Il était sans doute attiré par le fantôme d'Edith Piaf car il peignit également, sur la place Edith Piaf (dans le XXème arrondissement) le bar Edith Piaf!
19
La banalité de la façade du 19 ne permet pas de deviner qu'elle fait partie d'un ensemble exceptionnel qui donne sur des jardins et dont la plus belle partie est visible depuis le boulevard de Clichy : La Villa des Platanes...
Jouxtant l'hôtel de Clermont, le 20, à l'abandon aujourd'hui, vit débarquer en 1882 pour s'installer chez son frère, Adolphe Willette, une autre gloire montmartroise. Peintre, décorateur, journaliste, c'est lui qui créa le Pierrot de Montmartre et dessina le Moulin Rouge.
Willette en pierrot avec le chat noir.
Le square du Sacré Coeur porta son nom jusqu'en 2004 où il fut débaptisé au profit de Louise Michel, à cause de l'engagement antidreyfusard et raciste d'Adolphe le bien nommé qui se présenta aux élections de 1889 sur une liste violemment antisémite.
Les 26 et 28 sont de petits immeubles classés.
Ils datent de la restauration et le premier a gardé dans une niche une élégante statue....
...et un oculus par où se penche vers les passants une jeune femme romantique échappée des Scènes de la Vie de Bohême ....
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A suivre...
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Liens :
Rues de Montmartre. Classement alphabétique.
Liste et liens: Peintres et personnages de Montmartre. Classement alphabetique.
Listes des liens des monuments et lieux typiques de Montmartre historique et moderne.
Cimetière Montmartre. Classement alphabétique. Calvaire et Saint-Vincent.
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