Grand Village. Oléron. Mort d'un arbre.

Il a été planté il y a presque 20 ans. Il était si chétif qu'on se demandait s'il allait survivre.

Et puis il a trouvé que l'endroit était bon, à proximité d'une vieille chapelle, sur une placette de village, non loin de la forêt et de la mer.

Il s'est trouvé si bien qu'il s'est mis à grandir, a étendre ses branches selon sa vocation de pin parasol.

Il a recouvert une partie de la place et offert son ombrage aux voitures.

Printemps 2012

Il a accueilli des oiseaux qui se perchaient au sommet de ses hampes printanières. Chaque année il grandissait de 30 centimètres et il avait l'intention de continuer sa croissance comme un brave pin qui aime le soleil et le vent.

Mais voilà... Il ne s'est pas méfié de ses racines. Elles ont serpenté sous la terre à la recherche de l'eau qui passait dans les canalisations. Elles ont soulevé les dalles de ciment et menacé les maisonnettes voisines.

Son abattage a été décidé après bien des atermoiements, bien des démarches, bien des hésitations.

Le 24 juillet 2013, sous le soleil, les spécialistes sont venus avec leurs scies.

Ils ont coupé les branches basses, ils ont jeté à terre le feuillage aux aiguilles dérisoires.

Ils ont débité membre après membre le géant sans défense.

J'ai assisté à l'exécution avec la mauvaise conscience d'en être en partie responsable.

L'année dernière j'ai rencontré le maire pour lui demander l'autorisation d'élaguer les branches qui passaient par-dessus les murs.

J'ignorais alors que l'arbre était déjà condamné à la suite de plaintes d'autochtones...

Mais dites-moi, qui, il y a des années a décidé de planter à cet endroit un tel arbre?

Qui, malgré l'expérience catastrophique de la rue du Canton où les pins parasols ont transformé la chaussée en tôle ondulée a voulu renouveler l'exploit aux frais des villageois?