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Bouguereau. L'Océanide. Musée des Beaux Arts. La Rochelle

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Bouguereau. L'Océanide. Musée des Beaux Arts. La Rochelle

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William Bouguereau (1825-1905, né et mort à La Rochelle) fait partie de ces grands peintres du XIXème siècle trop vite classés "académiques" et méprisés pendant longtemps par les critiques.

Les Américains qui ont acheté dès le début la plupart de ses oeuvres, ne l'entendent pas de cette oreille et c'est grâce à eux que des expositions ont pu faire connaître le talent et la puissance créatrice du peintre.

Bouguereau. L'Océanide. Musée des Beaux Arts. La Rochelle

Une des plus belles toiles de l'exposition d'Orsay sur l'Ange du Bizarre était de lui.

Dante et Virgile aux Enfers. Une vision de cauchemar carnivore, un combat infernal et tellurique.

Bouguereau. L'Océanide. Musée des Beaux Arts. La Rochelle

D'autres toiles impressionnent et stimulent l'imagination comme cette Égalité devant la mort, vision funèbre et onirique...

Bouguereau. L'Océanide. Musée des Beaux Arts. La Rochelle

Bouguereau a souvent choisi de peindre des sujets mythologiques, source inépuisable d'inspiration.

Après la terrible année 1876 où il perd son épouse et deux de ses enfants, il se tourne vers des sujets religieux.

Certains de ses tableaux méritent alors d'être taxés d'académisme mais d'autres traduisent une étrangeté et un sens du mystère qui les apparentent à de grandes oeuvres romantiques.

C'est le cas de cette Âme emportée au ciel peinte moins de deux ans après la perte des êtres aimés. Les anges portent délicatement la défunte, avec une légéreté et une délicatesse qui sont celles avec lesquelles l'artiste pense à ses morts. Ils l'emmènent vers la lumière.

Bouguereau. L'Océanide. Musée des Beaux Arts. La Rochelle

Hélas, ce n'est pas une toile de cette force que l'on découvre au Musée des Beaux-Arts de La Rochelle. Cette ville qui devrait s'enorgueillir de compter un tel artiste parmi les siens, ne possède presque rien de lui.

Peut-être même n'aurait-elle rien si Madame Vincens-Bouguereau (Henriette, fille du peintre) n'avait fait don à la ville de l'Océanide un an après la mort de son père.

Bouguereau. L'Océanide. Musée des Beaux Arts. La Rochelle

Les nus féminins de Bouguereau connaissaient un grand succès et le peintre céda à la facilité en les multipliant et en reprenant son modèle de Vénus qui avait tant plu (La Naissance de Vénus)

Bouguereau. L'Océanide. Musée des Beaux Arts. La Rochelle

On trouve la même femme aux formes parfaites, peinte avec une précision ingresque dans de nombreuses toiles comme la Vague ou la Perle!

La Perle

La Perle

Oeuvres qui si elles étaient la seule production de Bouguereau donneraient raison à ses détracteurs et à leur accusation d'académisme.

Et pourtant...

Bouguereau. L'Océanide. Musée des Beaux Arts. La Rochelle
Bouguereau. L'Océanide. Musée des Beaux Arts. La Rochelle

Deux points retiennent l'attention. Tout d'abord la date de cette oeuvre : 1904.

C'est un an avant sa mort que le peintre l'exécute.

Il n'a plus rien à attendre de la gloire ou des honneurs.

Il choisit en ces derniers mois de sa vie de peindre non pas une résurrection, non pas une vision divine, mais une femme dans la splendeur de sa jeunesse, allongée sur le rivage et léchée par l'écume.

Afin de donner à sa toile un alibi culturel, il l'appelle l'Océanide.

Une océanide est une nymphe des eaux, fille de l'Océan et de Téthys. Elle est en réalité liée aux eaux dormantes et aux fleuves, les nymphes maritimes étant les Néréides.

Peu importe cette approximation!

Notre Océanide est tout entière offerte aux éléments, la douceur du ciel, le mouvement des eaux.

Elle est tournée vers le spectateur qui sur le rivage la contemple, comme une Vénus née de la mer...

Bouguereau. L'Océanide. Musée des Beaux Arts. La Rochelle

Elle n'est que sensualité, la poitrine offerte, les jambes prêtes à s'ouvrir.

Bouguereau. L'Océanide. Musée des Beaux Arts. La Rochelle

Le deuxième point qui retient l'attention est la présence de la vague qui laisse en transparence passer la lumière. C'est la vague que maintes fois Bouguereau a vue sur les plages charentaises, celle qui passe du bleu au vert, celle qui est douceur et puissance.

C'est la vague que je retrouve sur le rivage oléronais.

Ainsi, Bouguereau dans une de ses dernières oeuvres dit à la fois son amour de la vie, de la femme à la fois réelle et divine, son amour aussi de l'océan près duquel il est né, près duquel il mourra.

Son Océanide cesse alors d'être un simple nu académique. Elle est un ultime message, une ultime déclaration d'amour à la femme et à l'océan.


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